Cette semaine, le Medef communique sur
l’apprentissage à partir d’une enquête téléphonique réalisée auprès de
601 entreprises dont aucune caractéristique (taille, secteur…) n’est
précisée. Quelle part pour les entreprises TPE et PME, principales
intéressées par l’apprentissage ? Il dramatise outrageusement la
situation en France alors même que la situation en Europe, y compris en
Allemagne, est loin d’être au beau fixe.
Cette opération de communication est un nouveau prétexte pour
réclamer de nouvelles aides aux employeurs. Elle participe de la
croisade engagée par Pierre Gattaz contre le « coût du travail » : il
faudrait maintenant un apprenti à coût zéro !
Le Medef voudrait faire croire qu’il prend l’initiative d’exiger une
réforme globale de l’apprentissage, alors qu’il a refusé toute
concertation lors de l’élaboration de la loi de mars 2014 sur la
formation professionnelle et l’apprentissage, quand la CGT proposait
d’ouvrir une réflexion ambitieuse sur l’alternance.
Il devrait plutôt faire le bilan de son « Pacte de l’alternance »,
affiché en octobre 2013 pour prétendument faire face à la diminution du
nombre de contrats d’apprentissage, plutôt que de se dédouaner de ses
responsabilités.
Pire, il n’avance aucune analyse sur la nécessaire revalorisation de la formation initiale professionnelle dans son ensemble.
Pourtant, la voie professionnelle et technologique scolaire en lycée
forme la très grande majorité des jeunes avec des niveaux de réussite
supérieurs et de moins en moins de rupture en cours de formation,
contrairement à l’apprentissage. L’une comme l’autre voie s’appuie sur
une démarche inductive, c’est-à-dire sur les observations et expériences
menées au lycée ou au CFA et en entreprise pour formaliser les savoirs.
En miroir, le taux d’emploi des apprentis sept mois après leur sortie
de formation accuse une baisse de 6% entre 2012 et 2013, 65% ayant
obtenu un emploi et 30% se trouvant au chômage.
Cela pose la question des véritables freins au développement de la
voie professionnelle : orientation scolaire par défaut, discrimination à
l’embauche, déréglementation du code du travail notamment en matière de
sécurité pour les mineurs, faiblesse des exigences en matière de
tutorat en entreprise, mise en concurrence entre le contrat
d’apprentissage et le contrat de professionnalisation…
Le discours patronal récurrent contre la formation initiale
diplômante, les référentiels de diplôme, leur reconnaissance placée sous
la responsabilité de l’Etat n’est pas crédible. En effet, c’est bien de
plus de qualification dont a besoin notre économie. C’est bien d’une
formation initiale de qualité permettant une évolution par la formation
professionnelle continue tout au long de la vie dont ont besoin les
salariés.
Déqualifier, spécialiser à outrance, réclamer des modules
exclusivement adapté aux exigences des employeurs d’un secteur ou d’un
bassin d’emploi est un non-sens économique !
Or, c’est ce qui est avancé par le Medef quand, par exemple, il remet
en cause l’organisation annuelle de la formation en CFA, quand il
préconise une flexibilité extrême de l’entrée en formation des apprentis
en formation tout au long de l’année en fonction des contrats, et une
mixité des publics généralisée !
Le Premier ministre envisage une nouvelle réunion sur l’apprentissage
le 12 mai : la CGT, quant à elle, exige que s’ouvrent d’urgence des
Assises de l’alternance pour prendre enfin en compte l’ensemble de la
formation initiale professionnelle, du CAP à l’enseignement supérieur.
Montreuil, 17 avril 2015.
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