(Document de la CGT fonction publique, remis à la réunion du 2 septembre 2014 à Mme Sophie Lebret)
La CGT a sollicité cette audience suite à la mobilisation sans précédent
des retraités le 3 juin dernier. Ils étaient plus de 20 000 à
manifester à l’appel d’une large unité d’organisations syndicales et
d’associations (CGT, FO, CFTC, CGC, FSU, Solidaires, FGR-FP, LSR et
UNRPA). Un indéniable succès qui trouvera des prolongements, notamment
le 30 septembre prochain dans les territoires !
Pourquoi une telle démonstration malgré les difficultés à mobiliser
des retraités venant des quatre coins de France, en train ou en car pour
battre pendant plusieurs heures le pavé parisien ?
Parce qu’ils ont ressenti l’impérieuse nécessité de faire valoir leurs
revendications, parmi lesquelles celles du maintien du pouvoir d’achat
et de la revalorisation immédiate de toutes les pensions.
La pauvreté frappe durement les retraités et personnes âgées ; ils sont
actuellement 12 % à recourir à l’aide alimentaire !
La question du développement de services publics de qualité,
indispensables à l’ensemble des citoyens (transports, santé…) est au
cœur des préoccupations.
Leur maintien et leur développement pour plus de proximité, se pose avec
acuité alors que l’on assiste à la fermeture de bureaux de poste,
d’hôpitaux... et avec la réforme territoriale en perspective.
Les retraités de la Fonction Publique de l’Etat étaient massivement
présents le 3 juin, porteurs également de revendications plus
spécifiques à la Fonction Publique de l’Etat.
Il y a en France 1 773 922 retraités de la Fonction Publique de
l’Etat pensionnés ou ayants cause (chiffre décembre 2012 – rapport
annuel 2013).
Le nombre d’agents partis en retraite en 2012 est en chute libre par
rapport à 2011, les effets des réformes – notamment celle de 2010- se
faisant ressentir avec le durcissement des conditions d’obtention de la
retraite. La baisse du niveau des pensions fait que les fonctionnaires
partent en retraite de plus en plus tard (60.2 ans). Les conséquences
sont une dégradation de la santé et une diminution des années en bonne
santé qui créent des besoins supplémentaires pendant la retraite.
LE POUVOIR D’ACHAT
Les retraités de la Fonction Publique ne sont ni des nantis ni des
privilégiés.
Le pouvoir d’achat des retraités est sérieusement écorné du fait de
revalorisations annuelles insuffisantes ne tenant pas compte des hausses
contraintes subies par les retraités. Cela a encore été accentué par le
report par le gouvernement Ayrault du 1° avril au 1° octobre 2014 de la
revalorisation annuelle puis par un nouveau report au 1° octobre 2015
par Manuel Valls à son arrivée à Matignon. C’est une désindexation qui
ne dit pas son nom.
La perte estimée pour les pensions de retraite est de 20 % en 20 ans et
il vient s’ajouter ce gel sur 30 mois. De nombreux retraité-e-s ont des
pensions inférieures au seuil de pauvreté et la retraite mensuelle
moyenne est de 1 216 €. A noter que les femmes retraitées sont
particulièrement touchées par la précarité.
Les différentes réformes des retraites (1993, 2003, 2008 et 2010 et
2013) ont conduit à des diminutions importantes des pensions. La durée
de cotisations pour bénéficier d’une retraite complète a été allongée et
les carrières incomplètes subissent des pertes sévères avec la décote.
Les dépenses de santé augmentent avec l’âge. Les retraités ne
bénéficient d’aucune revalorisation complémentaire (reclassement,
promotions, primes …). Une revalorisation insuffisante des pensions de
retraite se traduit par une perte immédiate de pouvoir d’achat.
Nous demandons en conséquence que les pensions de retraite soient
indexées au salaire moyen en tenant compte de ce qu’est véritablement le
panier de dépenses des retraités avec au minimum une pension égale au
Smic pour une retraite complète et qu’aucune pension ne soit inférieure
au seuil de pauvreté (977€). Quant aux pensions de réversion il faut les
porter à 75 % de la pension du défunt sans condition de ressources et
elles doivent être également servies aux pacsé-e-s.
Le pouvoir d’achat des retraités a été sérieusement diminué par la
fiscalité depuis les années Sarkozy. C’est une véritable réforme de la
fiscalité qui est nécessaire pour les retraités comme pour les actifs.
Pour l’impôt sur le revenu, la suppression de la demi-part pour les
personnes vivant seules par la loi de Finances pour 2009 et le gel du
barème de l’impôt sur le revenu des années 2011 et 2012 ont conduit
environ 2 millions de foyers fiscaux (et parmi eux de nombreux
retraité-e-s) de la situation de non-imposable à celle d’imposable avec
toutes les conséquences induites en matière de CSG et autres
prélèvements sociaux, de fiscalité locale et d’aides sociales. A cela
est venu s’ajouter l’instauration de la CASA à compter du 1er avril
2013. La hausse de la TVA (de 7 à 10 % et de 19,6 à 20 %) au 1° janvier
2014 a renchéri la plupart des postes de dépenses et les parents de 3
enfants et plus ont vu leur majoration de retraite devenir imposable.
Ainsi des retraités avec des revenus modestes et principalement des
veuves deviennent imposables pour la première fois en 2014. Et la
réforme annoncée de la fiscalité est renvoyée sine die.
La CGT refuse toute nouvelle dégradation du pouvoir d’achat des
retraités et exige :
La fin du gel des pensions et retraites ;
Une amélioration du pouvoir d’achat de tous les retraités par une
revalorisation des retraites et un rattrapage immédiat de 300 € ;
Le retour à une revalorisation annuelle au 1er janvier des pensions et
pensions de réversion ;
Que le taux de la réversion soit porté à 75% ;
Le rétablissement de la ½ part supplémentaire aux veufs, veuves et
divorcé-e-s pour le calcul de l’impôt ;
La suppression de la Contribution ASA ;
La non-imposition de la majoration pour les retraités ayant 3 enfants
ou plus ;
La reconnaissance de l’évolution de la qualification du grade auquel ils
appartenaient par le rétablissement de la péréquation.
Le gouvernement projette de passer au parlement la loi sur
l’adaptation de la société au vieillissement, les 7 et 8 septembre
prochain. Là aussi la CGT a des choses à dire, il faut réactiver
d’urgence la 2ème partie de la Loi qui consiste à trouver des solutions
pour le reste à charge des familles dans les maisons de retraite
médicalisées.
La CGT demande la mise en oeuvre de La loi pour l’adaptation de la
société au vieillissement dès le 1er janvier 2015 et son financement
pérenne dans le cadre de la branche maladie de la Sécurité Sociale, à
hauteur des besoins.
L’ACTION SOCIALE EN DIRECTION DES RETRAITES
La CGT demande, a minima, la sécurisation des moyens de l’action
sociale pour préserver les prestations qu’elles soient
interministérielles gérées de façon exclusive par la Fonction Publique
ou à réglementation commune à charge de gestion de chaque département
ministériel.
L’accès aux prestations sociales ministérielles doit répondre à un
principe d’égalité de droit entre actifs et retraités. Les retraités
doivent recevoir régulièrement l’information et bénéficier des offres
culturelles et de loisirs proposées aux agents actifs.
Extrait de l’article 1 du décret 2006-21 : « Il incombe à l’Etat
employeur d’organiser une action sociale dans la limite des crédits
prévus à cet effet. » Pour la CGT l’action sociale est une priorité qui
nécessite des moyens en conséquence.
L’augmentation du nombre de retraités, l’évolution sociodémographique de
la population – plus âgée et avec un niveau de pension en diminution –
doivent générer la définition de nouvelles prestations.
Pour cela, il faut abonder une dotation suffisante pour les droits
sociaux par des moyens budgétaires supplémentaires à calculer, pour
chaque ministère et l’interministériel, sur la base de 3% de la masse
salariale et des pensions.
Dans le cadre du maintien du lien social des actions au seul bénéfice
des retraités doivent être conduites.
Il faut réaffirmer à chaque service l’obligation qu’il a de développer
des actions d’information spécifique à destination des retraités ou des
« retraitables ». Les retraités doivent recevoir une information
régulière optimale et efficace sur leurs droits, a minima 1 fois par an,
et autant que nécessaire.
Autre élément qui permettrait une meilleure prise en compte des besoins
des retraités en matière d’action sociale, est la représentation des
retraité-e-s, au même titre que les actifs, dans les instances
consultatives du personnel organisant l’action sociale. Elle devrait
être possible dans chaque ministère. Ce qui n’est pas le cas.
Nous notons que de grandes disparités existent entre les ministères en
matière de droits sociaux (logement, restauration, transports,
culture-loisirs…).
Les revendications développées ici en direction des retraités de la
Fonction Publique de l’Etat ne sont pas exhaustives, elles s’inscrivent
dans un champ plus large d’exigences portées par l’UGFF-CGT, la
confédération CGT et son Union Confédérale des Retraités, que cela soit
en matière de conditions d’obtention de la retraite, de démocratie
sociale, salariale et de pension, ou pour un grand service public de la
santé et de l’action sociale, pour des politiques publiques au service
du développement et des solidarités sociales et territoriales.
A CHAQUE BESOIN, UNE PRESTATION
La CGT considère indispensable une évaluation contradictoire de tous les besoins des retraités.
D’autre part, elle demande l’ouverture d’une discussion spécifique sur le semi-public.
Logement : pour mémoire la CGT revendique un budget pour le logement à
hauteur de 1% des salaires et des pensions.
L’élargissement du parc de logements et l’accès aux retraités.
Privilégier des lieux de vie intergénérationnels ;
La mise en place d’un suivi en matière de besoins de logements ; cela
suppose un recensement et un suivi des logements subventionnés
L’amélioration de l’aide à l’adaptation du logement.
La construction de maisons de retraite publiques en nombre pour répondre
aux besoins et afin que les retraités puissent vivrent dans la dignité.
Aide au maintien à domicile :
Elargir le barème de l’AMD à la totalité de celui prposé par la CNAV
afin d’augmenter le nombre de bénéficiaires,
informer l’ensemble des pensionnés de laFPE sur cette prestation via le
fichier du SRE,
Alerter les ministères qui font déjà une communication en directions des
retraités afin d’y insérer une information sur cette prestation.
Restauration :
L’accès aux RIA pour les retraités doit être subventionné comme pour les
actifs, il n’est pas équitable qu’ils paient le tarif normal, voire
« extérieur »,
Pour tous ceux qui ne peuvent pas accéder à un RIA, il doit être proposé
des chèques restaurant.
Transports :
L’attribution d’une aide dans l’attente de la possibilité de gratuité.
Loisirs :
L’instauration d’une aide aux loisirs ;
Une information sur l’attribution des chèques vacances et sur les programmes spécifiques (ex : senior vacances).
Aides financières et juridiques :
Là où elle existe, l’aide juridique n’est pas toujours bien structurée,
Développer l’aide financière aux pensionné(e)s en difficulté ;
L’attribution d’une subvention aux retraités en séjour longue durée en maison de retraite.
Santé : Pour un droit à une retraite en bonne santé
Réalisation d’un bilan de santé complet avant départ en retraite ;
Le suivi post professionnel systématique adapté au risque lié à l’activité professionnelle ;
Le suivi social et médical des personnes en difficulté,
L’amélioration de l’aide au maintien à domicile.
Les difficultés rencontrées pour l’accès aux soins ne sont pas
propres aux retraités ou personnes âgées, mais elles prennent une
importance particulière en raison de l’âge, la condition physique ou le
handicap. Elles sont liées à l’aspect financier et au désengagement de
la sécurité sociale, au coût des couvertures complémentaires, à
l’organisation des soins ou aux pratiques de plus en plus courantes de
certains professionnels de santé (dépassements d’honoraires) et aux
difficultés d’accès aux services de santé.
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