Dotations supplémentaires dans le premier degré :
pas une bonne nouvelle pour tout le monde.
Alors
que dans toutes les académies, les opérations de préparation des cartes
scolaires sont en cours, le ministre de l’Éducation nationale a annoncé
le 27 mars dernier que les dotations globales seraient revues en ces
temps de crise sanitaire. En effet, il a indiqué qu’il n’y aurait pas de
fermeture de classe sans accord des municipalités dans les communes de
moins de 5000 habitant·es et que l’équilibre ouvertures-fermetures
serait « finement analysé » en milieu urbain.
Ces
annonces se sont traduites cette semaine par une dotation supplémentaire
de 1248 postes dans le premier degré qui s’ajoutent aux 440 postes
initialement prévus. Pour la CGT Éduc’action, cette décision politique
confirme que le gouvernement et le ministère n’avaient pas pris
conscience de l’ampleur des besoins dans les départements pour éviter
une rentrée catastrophique. Cependant, pour notre organisation, cette
nouvelle dotation, qui va permettre à certaines zones de respirer, reste
insuffisante pour couvrir tous les besoins ou répondre aux priorités
annoncées (dédoublements en éducation prioritaire et limitation à 24
élèves en GS, CP et CE1…).
Surtout,
la CGT Éduc’action s’inquiète des conditions d’attribution de ces
nouveaux moyens et des critères retenus par le ministre. Il semble en
effet que cette dotation supplémentaire ne se fasse qu’au bénéfice
exclusif des zones rurales et au détriment des zones urbaines,
principalement celles en éducation prioritaire. Les chiffres donnés par
le MEN indiquent clairement ce choix puisque les académies fortement
urbanisées comme celles de Lille, de Versailles ou de Créteil sont
lésées. Pour nous, il y a un exemple frappant dans cette dernière
académie puisque seule la Seine-et-Marne (département le plus rural de
l’académie) bénéficie de la rallonge budgétaire. Nous sommes également
très inquiét·es quant au devenir des RASED (eux-aussi principalement en
zones urbaines) qui semblent être une nouvelle fois les victimes du
ministère et de ses choix de ventilation.
Avec
cette nouvelle dotation, le ministre Blanquer acte sans attendre et sans
concertation, les propositions issues du rapport Mathiot-Azéma qui
visent à exploser le cadre actuel de l’éducation prioritaire et à
introduire la notion de ruralité comme une nouvelle priorité. La CGT
Éduc’action estime qu’il s’agit d’un coup de force dans une période
sanitaire très difficile, mais également dans une période politique
particulière où le renouvellement des municipalités n’a pu se faire
correctement. Nous dénonçons cette mise à mort de l’éducation
prioritaire alors que la période de confinement génère une explosion des
inégalités sociales et territoriales, comme le rappellent le décrochage
d’une partie des élèves issu·es des classes populaires de la
pseudo-continuité pédagogique mais aussi, plus dramatiquement, la
surmortalité liée au coronavirus dans le 93.
La CGT
Éduc’action exige au contraire des moyens en forte hausse pour
l’éducation prioritaire, à l’école, au collège et en lycée.
La CGT
Éduc’action note qu’en période de crise majeure, le gouvernement est en
capacité de trouver des moyens supplémentaires pour augmenter les
dotations globales. Elle demande donc que cet effort budgétaire soit
étendu à l’ensemble des métiers de l’Éducation nationale. En effet, il y
a urgence à ce que des postes supplémentaires soient ouverts dès la
rentrée 2020 dans tout le second degré (enseignant·es, CPE, Aed), mais
également chez les personnels techniques, administratifs et sociaux,
ainsi que chez les AESH. Pour la CGT Éduc’action, c’est avant tout de
moyens humains dont a besoin l’Éducation nationale.
Montreuil, le 08 avril 2020
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