Examens et confinement : le choix ministériel de l’inégalité sociale
Alors que
le Premier ministre avait annoncé la veille la philosophie globale des
futurs aménagements des épreuves des baccalauréats et du Diplôme
National du Brevet, il revenait à JM Blanquer d’annoncer ce vendredi 3
avril les mesures précises d’application. Sans surprise pour la CGT
Educ’action, le ministre a annoncé la prise en compte totale du contrôle
continu pour la validation de ces examens, quels que soient les
conditions et le calendrier de reprise éventuels des cours.
Pour la
CGT Éduc’action, il y a, comme depuis le début de la crise sanitaire,
beaucoup de contradictions dans les décisions et déclarations du
ministre. Pour notre organisation, soit un retour en classe le 4 mai est
possible auquel cas il était encore faisable et souhaitable de
maintenir des épreuves aménagées (sujets au choix et/ou une limitation
des programmes concernés par les épreuves), soit la situation sanitaire
ne permettait pas la tenue d’épreuves écrites, auquel cas il était
envisageable de réfléchir à des épreuves orales, comme cela s’est passé
en 1968. Il est à noter d’ailleurs, que l’oral anticipé de français en
première générale et technologique est bien maintenu !
La CGT
Éduc’action regrette que de telles solutions n’aient pas été retenues
par le ministre et le gouvernement et qu’ils aient préféré balayer ces
hypothèses au seul profit du contrôle continu. C’est ainsi la validation
du souhait auquel aspire le ministre depuis si longtemps et déjà
matérialisé par l’instauration des E3C.
Pour la
CGT Éduc’action, cette option n’est pas acceptable car elle estime que
le contrôle continu n’est pas équitable. En effet, beaucoup d’élèves
rencontrent un début d’année compliqué et améliorent leurs résultats
progressivement. Dans de nombreux cas, les élèves obtiennent même leur
examen grâce à d’intenses révisions alors même que leurs notes tout au
long de l’année ne leur auraient pas permis de l’obtenir.
Pour
notre organisation, valider un diplôme par contrôle continu instaurerait
de fait des diplômes locaux au détriment d’un cadre national. Surtout,
il sanctionnerait toutes les inégalités rencontrées par les élèves
(territoriales, sociales et scolaires). Il est donc étonnant qu’un tel
cadre soit retenu alors que le ministre reconnait lui-même l’aggravation
de ces inégalités scolaires avec le confinement (tout en précisant que
les élèves de premières générales et technologiques doivent préparer les
textes de français pour l’oral durant ce même confinement !).
Oui,
notre système scolaire est inégalitaire et le contrôle continu en est
une preuve flagrante. Non, la tenue d’un jury ne permettra pas de
compenser ces inégalités. C’est d’autant plus vrai si, comme le ministre
l’a largement répété dans son intervention, l’assiduité et la
motivation étaient des éléments centraux dans l’étude des dossiers.
C’est oublier que les problèmes d’assiduité se rencontrent en priorité
chez les élèves issu·es des classes populaires, celles et ceux-là même
qui sont les plus coupé·es de la soi-disant « continuité pédagogique »
en confinement. Que dire enfin de la volonté du ministre de prendre en
compte ces facteurs si les cours ne devaient pas reprendre avant
juillet, et que les jurys étaient amenés à compenser l’absence de notes
au troisième trimestre ?
Comme
pour la remise en cause du droit du travail avec l’instauration de
l’État d’urgence sanitaire, le gouvernement fait le choix de l’inégalité
sociale pour les examens. Pour la CGT Éduc’action, cette décision n’est
pas acceptable.
Montreuil, le 03 avril 2020
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