Alors que la population a consenti de façon responsable à une
restriction de ses libertés, en particulier à travers le confinement, le
gouvernement a poursuivi une politique répressive et liberticide se
traduisant par des pratiques autoritaires et des violences policières,
sans aucun lien avec la situation sanitaire mais entendant profiter de
l’effet de sidération qu’elle a produit pour accélérer sa politique.
Les
annonces du Premier ministre permettent de rétablir une des premières
libertés, celle de circuler à l’intérieur du territoire. Mais, beaucoup
de restrictions subsistent, notamment en matière de réunions et
rassemblements. La liberté de manifester, quant à elle, n’est pas
respectée à ce jour !
Le monde de l’avant virus avait déjà largement éborgné les libertés
publiques : licenciements de syndicalistes, interdictions de manifester,
violences policières voire judiciaires lors des manifestations, usages
disproportionnés d’armes entraînant de nombreuses blessures, mutilations
et décès …
Cela a pris une telle ampleur que des organisations internationales
comme l’ONU, tout comme le défenseur des droits, ont tiré à plusieurs
reprises la sonnette d’alarme sur l’état des libertés démocratiques dans
notre pays !
La période récente a été marquée par la poursuite de procédures
disciplinaires à l’encontre de syndicalistes, comme à la SNCF ; ou même,
dans la santé, pendant la pandémie, par des entraves patronales et,
parfois, policières d’exercer les droits syndicaux fondamentaux pour
faire respecter les conditions sanitaires liées à la pandémie ; par
l’empêchement de droits de retrait avec l’appui du ministère du travail ;
par des menaces sur le droit de grève, par des mises à pied de
fonctionnaires pour avoir osé dénoncer l’état sanitaire déplorable ou
contrôler les conditions de travail ; par des répressions violentes dans
les quartiers populaires avec, à nouveau, des morts et des blessés ;
par la répression des manifestations de mouvements sociaux ; par des
atteintes aux possibilités de s’exprimer publiquement aux balcons et de
manifester symboliquement le 1er-Mai ; par des entraves aux libertés de
circuler et une forte répression pénale des « défauts répétés
d’autorisations de déplacements » ; par des arrestations de
manifestant.e.s lors de rassemblements, etc. En à peine deux mois, la
liste est déjà bien longue des atteintes inadmissibles aux libertés
publiques et syndicales ! Et, on veut nous faire croire à une remise en
question ? Dans ce contexte, l’application Stop Covid et son
détournement possible à des fins de contrôle du mouvement social nous
font craindre pour nos libertés.
La liberté de manifestation est une victime majeure de l’état d’urgence
sanitaire sans pourtant empêcher ceux et celles qui l’ont décidé d’agir
comme l’ont montré la manifestation parisienne des sans-papiers et celle
contre les violences policières ces derniers jours. Il n’est pas
tolérable que soient ouverts désormais musées, lieux de cultes, parcs
d’attraction… et qu’un droit fondamental soit dénié.
Alors que la crise sanitaire a démontré la faillite des modèles
libéraux, alors que le pouvoir tente de faire croire à un changement de
ses politiques, celui-ci ne saurait se faire sans construction d’un
rapport de forces et donc dans l’autoritarisme et contre la démocratie.
Pour être crédible, il doit s’opérer dans l’écoute et le respect des
opinions exprimées, sur les lieux de travail et dans la rue, par la
population et les acteur.trice.s du mouvement social. Libertés
syndicales et d’expressions publiques, liberté de manifester, tout cela
doit être fermement garanti pour toutes et tous, quel que soit son lieu
d’expression.
Nous voulons un monde d’après sans autoritarisme et violences policières.
Nos droits et nos libertés ne sont pas négociables.
Nous exigeons :
- la levée de l’état d’urgence sanitaire qui ne protège pas mais qui contient des mesures liberticides et régressives ;
- le renforcement des droits des travailleur-se.s et des libertés syndicales et publiques pour l’ensemble de la population ;
- la garantie que toutes les mesures qui ont porté atteinte à nos libertés soient levées ;
- l’arrêt de l’application « Stop Covid », outil de traçage inacceptable ;
- l’arrêt du fichage des personnes ; qui ne permet pas le respect du secret médical et la confidentialité des donné,e.s personnelles ;
- l’arrêt total de la répression pour fait syndical ;
- l’arrêt de l’usage des méthodes ou matériels qui blessent et tuent : méthodes d’étouffement, LBD, grenades de désencerclement ;
- l’arrêt de l’impunité des personnes en charge de missions de sécurité qui commettent des violences ;
- l'arrêt des contrôles au faciès ;
- la suppression de l’IGPN et son remplacement par une instance indépendante de la police.
Montreuil, le 3 juin 2020
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