Madame la Ministre,
Lors
de ce CTM, nous prenons connaissance de la répartition des moyens pour
la rentrée 2017 et notamment de la ventilation des 450 emplois pour les
lycées « les plus difficiles ». Ce sera la dernière rentrée organisée
par l'actuel gouvernement.
Comment caractériser le bilan du quinquennat en matière d'éducation ? Globalement positif, pas si sûr !
Madame, la Ministre, nous vous assurons que la CGT-Éduc’action
n’a pas la mémoire courte : 60.000 postes annoncées en début de
mandature contre 80.000 postes supprimés sous le règne Sarkozy : pas si
mal, me direz-vous, insuffisant pour la CGT-Éduc'action !
Le projet de loi pour l’école prévoyait 54 000 postes dans l’éducation nationale...
Est-ce que cette promesse présidentielle est tenue à la fin de la mandature ?
En fait, la CGT n’a pas la même analyse que vous.
Vous
parlez de postes alors qu'il s'agit en réalité d'emplois. Cette
distinction n'est pas neutre puisque sur ces 60.000 "postes", il y a
près de 26.000 stagiaires. Comme ces dernier-es sont en grande majorité à
mi-temps, c'est en réalité de l’ordre de 15.000 postes qui sont
occupés.
Au passage, nous pouvons
acter positivement la remise en place de la formation initiale des
enseignant-es mais la CGT Éduc'action considère que pour pallier au soit
disant problème d'attractivité du métier, le niveau II (licence) doit
être la base du recrutement et donc que le concours doit avoir lieu au
deuxième semestre de la L3 ; les deux années suivantes devant se
dérouler en ESPE. Pour ces deux années, les stagiaires devraient avoir
le statut de fonctionnaires stagiaires permettant une formation
progressive, accompagnée et rémunérée, débouchant sur un Master 2.
Pour la CGT,
il est possible d’assurer à la fois la qualification des personnels par
une reconnaissance sous forme de diplôme (Master) et de permettre la
démocratisation des recrutements.
Pour
revenir à l'annonce des 60.000 postes, celle-ci se base également sur
la programmation, pour les concours 2017, des postes censés compléter
ceux créés les années précédentes. Le ministère s'avance un peu :
programmer des postes aux concours ne signifie pas forcément les
pourvoir. On note d'ailleurs depuis plusieurs années que certaines
disciplines du second degré ont régulièrement des centaines de postes
non pourvus : pourquoi en serait-il autrement en 2017 ? Serait-on
entrain d’"oublier" que des centaines de postes restent toujours à ce
jour non pourvus.
D'autre part, le
gouvernement inclut dans ces postes des personnels précaires, aides aux
élèves en situation de handicap (AESH) et assistant-e-s d'éducation :
non seulement ces personnels sont presque tous à temps partiel et
sous-payés, mais ils sont surtout non-titulaires. Le gouvernement se
glorifie donc de la création de plus de 6.000 précaires…
D'ailleurs,
le nombre d’enseignant‐es précaires, sans perspectives de carrière,
continue d’augmenter, près de 30.000 dans le second degré, et le recours
aux personnels enseignants précaires s’est étendu au premier degré en
se généralisant même à la rentrée 2016.
D'autant
plus que le dispositif Sauvadet n'a pas encore donné vraiment
satisfaction, laissant encore au bord de la route de la titularisation
de nombreux contractuel-les.
Les
autres personnels (administratif-ves, agents de labo, infirmier-ères,
AS, etc) ne sont pas mieux lotis. Nous notons avec satisfaction la
création de quelques postes mais tous ces personnels sont notoirement en
nombre insuffisant pour mener à bien toutes les missions qui leur sont
confiées. Dans plusieurs services de DASEN ou de rectorat le manque de
personnels se fait cruellement sentir, rajoutant de la pression sur les
personnels, qui n'arrivent plus à gérer les dossiers à temps, ce qui
peut avoir parfois des conséquences graves, comme par exemple dans un
service comme celui du bureau des affaires médicales.
Enfin,
une part non négligeable de ces "créations" sert à financer les
réformes, et en premier lieu la réforme du collège. Conséquence : des
pans entiers de l'Education nationale sont totalement ignorés... c'est
le cas des lycées professionnels qui ont même vu leur nombre
d'enseignant-es baisser.
De fait,
ces "créations" ne compensent pas les besoins, en particulier la hausse
démographique : sur le terrain, elles restent parfois invisibles car les
classes restent surchargées... Par exemple, en lycée, le bilan montre
que le nombre de divisions à 35 élèves voire plus, augmente.
Concernant les publics en difficultés et l’éducation prioritaire :
Tout d'abord, le gouvernement n’est pas revenu sur les 5.000 suppressions de postes de RASED.
Si l'on peut considérer que quelques moyens ont été mis dans les REP, REP +, les grands oubliés de l'affaire sont les lycées.
Les
journées de mobilisation pour le maintien des lycées en Éducation
prioritaire ont certes permis d’arracher des concessions au ministère :
extension, dans le temps, des clauses de sauvegarde pour les indemnités
des personnels et les bonifications liées au mouvement des personnels,
annonce de 450 emplois réservés aux lycées les plus "difficiles".
Le
flou est pour l'instant maintenu sur le périmètre d’attribution : soit
seuls certains lycées seront concernés, ce qui va à l’encontre des
revendications unitaires des personnels, soit tous le seront et il ne
s’agira alors que d’un saupoudrage totalement insuffisant pour améliorer
les conditions d’étude des élèves et de travail des personnels.
Pour la CGT-Éduc'action,
il est hors de question que ces moyens soient retirés aux autres lycées
qui connaissent tous une augmentation sensible d’effectif. A priori
cela n’a pas l’air d’être le cas.
Toutefois,
Madame la Ministre, la revendication légitime des personnels n’est
toujours pas entendue, à savoir le classement immédiat en Éducation
prioritaire des lycées anciennement classés et l’établissement d’une
liste élargie sur des critères sociaux transparents et partagés,
accompagné d’une diminution réglementaire drastique des effectifs par
classe par l’attribution de moyens à la hauteur des difficultés des
élèves issu-es des classes populaires...
Car faute de classement en Éducation prioritaire, rien n’assure de la pérennisation de ces moyens.
Vous
avez dit votre attachement à l’Education prioritaire et le besoin d’une
nouvelle carte des lycées. Il est d’ailleurs incompréhensible que cette
liste n’ait toujours pas été publiée. Il est donc urgent de mettre en
œuvre une mesure de justice sociale en donnant, comme c’est le but que
s’est fixé l’Education prioritaire, plus à celles et ceux qui ont moins,
y compris en lycée.
La CGT-Éduc'action,
qui est au côté des établissements mobilisés, appelle à la grève, le
mardi 3 janvier 2017, les personnels des lycées relevant ou devant
relever de l’Education prioritaire.
Pour
terminer, il est vrai que nous assistons ces temps-ci à une surenchère
électorale sur le nombre de fonctionnaires à supprimer, mais cela ne
doit pas servir d'argument pour vanter un bilan qui pour la CGT-Éduc'action reste en demi-teinte.
La CGT-Éduc’action
continuera à rester aux côtés de celles et ceux qui luttent pour des
moyens à la hauteur des besoins et pour des meilleures conditions de
travail des personnels et d’études des élèves.
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