Les injonctions contradictoires sur les tenues vestimentaires ne cessent de s’amplifier. À l’école, à l’université, au travail, dans tous les aspects de leur vie quotidienne, les femmes et les filles subissent des propos sexistes culpabilisants véhiculés par une société restée patriarcale. Les vêtements portés par les filles et les femmes ne correspondent jamais à la norme : trop longs, trop courts, trop enveloppants, trop décolletés… La volonté de contrôler le corps des femmes est une constante qui se manifeste aussi sur leur tenue par des sommations : « couvrez-vous » ou « découvrez-vous ».
Sur le 
front de l’égalité, Le ministère communique beaucoup, mais agit peu. Si 
les discussions sur le plan national d’action pour l’égalité 
femmes-hommes progressent, rien n’est visible pour les personnels dans 
les établissements et les services. Malgré le travail conduit par la 
DGRH, les personnels, comme les élèves et les parents d’élèves attendent
 toujours l’application de la circulaire du 9 mars 2018 contre les 
violences sexuelles et sexistes. La mission de référent-es égalité 
filles/garçons dans les établissements ne bénéficie que rarement ou que 
partiellement des moyens pour la mener. Cette mission n’est jamais une 
priorité dans les faits. Le constat est le même au sein des 
établissements de l’enseignement supérieur et notamment des universités,
 malgré la loi Fioraso de 2013 rendant obligatoire l’existence de 
chargé-e de
mission égalité femme-homme.
Il
 existe toujours des règlements vestimentaires sexistes qui s’appliquent
 presque uniquement au corps des filles et des femmes, en contradiction 
avec l’article 9 de la Charte de la laïcité à l’école.
Des
 collégiennes et lycéennes se mobilisent pour lutter contre le sexisme 
dont elles sont victimes dans leurs établissements scolaires. Au lieu 
d’apporter son soutien dans la lutte contre le sexisme, le ministre 
Jean-Michel Blanquer demande à ce que les filles s’habillent 
“normalement”. Le lundi 21 septembre, il a encore franchi un cran dans 
cette voie en demandant de venir à l’école habillé “de manière 
républicaine”. Les filles et les femmes, comme les autres individus, 
doivent pouvoir s’habiller sans subir la sexualisation de leur corps. Le
 ministre semble oublier les pressions que subissent les filles et les 
injonctions qui leur sont faites concernant leurs vêtements, leur 
comportement, leur langage.
Contrôler
 les tenues des filles et des femmes nourrit et reproduit les inégalités
 de genre et les violences sexistes. Cela participe à la culpabilisation
 des femmes et des filles et à l’impunité des garçons et des hommes.
Alors
 qu’une femme sur trois est victime de harcèlement sexuel au travail au 
cours de sa vie, les procédures prévues par la circulaire du 9 mars 2018
 relative à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans la 
Fonction Publique ne sont pas ou peu mises en oeuvre dans l’Éducation 
nationale, ministère pourtant féminisé à plus de 68 %, sans doute faute 
d’engagement budgétaire suffisant dans la formation, et dans 
l’installation d’une véritable cellule d’écoute. L’accord Égalité entre 
les femmes et les hommes dans la fonction publique stipule pourtant 
explicitement que les employeurs publics ont un devoir d’exemplarité en 
matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles et qu’il 
leur est demandé un principe de tolérance zéro.
Le
 plan national d’action pour l’égalité professionnelle entre les femmes 
et les hommes du MENJS et du MESRI doit permettre la prévention et la 
lutte contre ces violences et les agissements sexistes en tous genres.
Nos
 organisations, (CGT-FERC, FSU, SGEN-CFDT, SNALC, SUD éducation, 
UNSAéducation, FIDL, MNL, Solidaires étudiant-e-s, UNEF, UNL) 
revendiquent :
•
 une formation initiale et continue des personnels dédiés à la lutte 
contre les stéréotypes sexistes et aux inégalités entre femmes et 
hommes, déployée dans toutes les académies et accessibles à un grand 
nombre d’agent-es chaque année ;
• une véritable éducation à l’égalité, à la sexualité et contre les stéréotypes sexistes pour les élèves ;
• des moyens pour tout-es les référent-es Égalité filles-garçons dans les établissements ;
•
 la mise à disposition et diffusion pour les personnels des résultats de
 la recherche sur les pratiques pédagogiques qui permettent de lutter 
contre les modes de
domination reproduits à l’école ;
•
 le bénéfice systématique de la protection fonctionnelle renforcée par 
le protocole Égalité pour les femmes qui dénoncent les violences 
sexistes et sexuelles au
travail et les violences conjugales ;
• une formation spécifique de tous les personnels à la prise en charge de ces violences ;
•
 la prise en compte réelle des actions et propositions des élèves dans 
la modification des règlements intérieurs où subsistent des injonctions 
archaïques en matière de
tenues vestimentaires, notamment à travers la mobilisation des CVC et CVL.
Communiqué de presse
Paris, le 28 septembre 2020
Télécharger le communiqué au format 
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire