Face aux incohérences du gouvernement et aux pressions hiérarchiques,
les personnels doivent s'organiser collectivement
les personnels doivent s'organiser collectivement
Le
Président de la République et le Premier ministre ont annoncé leur
volonté d’imposer l’ouverture des écoles à partir du 11 mai, allant
ainsi à l’encontre des avis de l’INSERM et du Conseil scientifique qui
s’est exprimé le 16 avril, soit trois jours après l’annonce
présidentielle.
Considérant
que le risque de transmission est important dans les lieux de
regroupement massif que sont les écoles ou les établissements scolaires
et que les mesures barrières chez les plus jeunes seront difficiles à
appliquer, les autorités sanitaires préconisent la fermeture de ces
établissements jusqu’en septembre.
Si nous
entendons que les avis scientifiques ne sont pas la seule base des
décisions politiques, la CGT Educ’action considère qu’il est
indispensable d’appliquer le principe de précaution afin de limiter les
risques sanitaires encourus par les élèves et les personnels afin
d’éviter une seconde vague.
Si nous
comprenons la nécessité de travailler à un déconfinement, la volonté du
pouvoir exécutif d’imposer une reprise rapide est une décision
hasardeuse et dangereuse. Si malheureusement cette ouverture prématurée
des écoles provoquait une résurgence de l’épidémie de Covid 19 dans
notre pays, ce gouvernement porterait une lourde responsabilité
politique et morale. De plus, nous dénonçons l’existence et le maintien
de l’État d’urgence sanitaire qui permettent notamment de restreindre la
liberté de circuler, de tenir réunion et qui s’attaquent au droit du
travail. Les libertés ne sont pas négociables et encore moins au nom de
l’intérêt économique. La CGT Éduc’action a bien compris que la décision
arbitraire de réouverture a pour unique objectif la relance économique
et que les questions sociales ou de décrochage ne sont qu’un prétexte
ministériel.
Pour
parvenir à cette réouverture, le ministère a produit des protocoles
sanitaires et une circulaire pédagogique moins d’une semaine avant le 11
mai. La CGT Éduc’action considère que ces consignes s’opposent
fortement car comment croire qu’un travail pédagogique puisse se faire
correctement dans les conditions sanitaires imposées. C’est leurrer les
personnels, les élèves et les familles que de leur faire croire que
l’École sera la même que celle d’avant mars. Ce travail dans l’urgence
insécurise tout le monde. Il ne permettra ni une réflexion ni un travail
de préparation intense ainsi qu’une adaptation des locaux et des
modalités d’accueil (restauration, transports, entretien). Notre
organisation estime surtout que cette méthode de travail exigée par
l’administration isole une nouvelle fois les seul·les acteur·trices de
terrain (collectivités, directeur·trices d’école, chef·fes
d’établissement) et dédouane les autorités de leurs responsabilités.
La
CGT Éduc’action considère que les conditions sanitaires et pédagogiques
ne seront pas réunies pour une reprise le 11 mai. Elle estime qu’il est
nécessaire de laisser du temps pour que les collègues se réunissent et
travaillent à l’élaboration des conditions sanitaires, pédagogiques et
matérielles, qu’ils·elles jugeront nécessaires à leur retour au travail.
Cette action collective est indispensable afin d’éviter l’isolement des
personnels qui pourraient subir des pressions hiérarchiques. La CGT
Éduc’action mettra à disposition des collègues tous les outils
nécessaires leur permettant de faire valoir collectivement leurs droits
(droit d’alerte, droit de retrait, interpellation des CHS et préavis de
grève) et elle les accompagnera dans leurs actions et défense.
Au-delà
de cette question des conditions de reprise immédiate, la CGT
Éduc’action continue de revendiquer des moyens supplémentaires
permettant une meilleure rentrée sécurisée 2020 pour les personnels et
les élèves. La crise que nous traversons montre combien les Services
publics sont indispensables pour l’ensemble de la population et
particulièrement les plus précaires. Notre organisation appelle à se
mobiliser contre les attaques gouvernementales faites aux droits des
salarié·es et qui se concentrent actuellement dans la loi d’Urgence
sanitaire. Au-delà de la crise sanitaire, la CGT Éduc’action rappelle
que nous avons l’obligation de combattre la crise sociale directement
issue de la politique du gouvernement et du patronat. Dès maintenant et en septembre, défendons nos conditions de travail.
Montreuil, le 07 mai 2020
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