La
contestation sur la mise en place des épreuves communes de contrôle
continu (E3C) est en grande partie le résultat de la contestation contre
la réforme du lycée qui instaure une distinction entre les lycées, qui
conduira à la destruction du baccalauréat comme diplôme national,
équivalent pour tous les élèves du pays.
Celle-ci a été menée et imposée dans la précipitation il faut noter d’ailleurs que les E3C ne sont pas un « contrôle continu »
mais des épreuves anticipées choisies et corrigées localement dans des
conditions qui ne sont plus celles d’un examen national.
Ces
tensions étaient prévisibles, beaucoup d’organisations syndicales ont
alerté le ministre sur les risques de dysfonctionnements.
L’ouverture
tardive de la Banque nationale repoussée, des sujets de cette Banque
trop difficiles ou non conformes, l’injonction de scanner les copies, la
correction sur écran ou la fuite des sujets sur les réseaux
sociaux n’étaient que les signes avant-coureurs d’une catastrophe
annoncée.
En
persistant à dire que tout va bien, le ministre refuse de voir la
réalité des faits et de prendre la mesure des évènements en cours dans
nos lycées.
Une
défiance profonde s’est installée entre Jean-Michel Blanquer et les
enseignants, les menaces de sanctions agitées par un certain nombre de
recteurs, des proviseurs qui n’hésitent pas à faire intervenir les
forces de l’ordre pour lever les blocages ou à porter plainte contre des
enseignants, vont fragiliser durablement le fonctionnement de nos
lycées.
Nos
organisations syndicales comme des équipes pédagogiques d’établissements
ont écrit au ministre pour lui signalé les dysfonctionnements qu’allait
engendrer la mise en œuvre des E3C ; à ce jour nous n’avons eu aucune
réponse.
À aucun moment, le ministre n’a envisagé de remettre en cause la tenue de la première session d’E3C.
Cette
obstination a conduit l’intersyndicale à s’opposer à la mise en œuvre de
cette session notamment par la grève des surveillances.
Dans de
nombreux établissements, les personnels, mais aussi des élèves et des
parents d’élèves se mobilisent avec succès contre la tenue des épreuves.
Le ministre refuse toujours d’entendre leur colère légitime et minimise
les annulations ou reports des épreuves.
En
voulant imposer la tenue de cette session d’E3C à tout prix il incite,
pour y parvenir, recteurs et chefs d’établissement à réprimer les
mobilisations des personnels et des élèves.
Dans un
contexte où les discussions sur les revendications n’ont pas lieu, un
certain nombre de recteurs donnent des consignes qui exacerbent les
tensions. Nos organisations sont alertées par des dépôts de plainte, des
pressions, des remises en cause du droit d’expression et de
mobilisation des personnels ou la répression violente des blocages
lycéens…
Le recteur d’Aix-Marseille qualifie le refus de participer aux E3C, de « faute professionnelle avec toutes les conséquences disciplinaires qui en découlent »
et comme celui de Toulouse, menace d’avoir recours au Code pénal,
c’est-à-dire de porter plainte contre les enseignants alors que ces
derniers ne font qu’exercer leur droit de grève.
À
Clermont-Ferrand, le recteur a menacé de sanctions disciplinaires des
responsables syndicaux pour faute grave et ils ont dans le même temps
été entendus au commissariat, nous ne pouvons accepter une telle
criminalisation de l’action syndicale.
Nous
tenons à citer aussi la situation des 13 collègues du lycée Beauregard
de Montbrison qui ont été visés, à l’instigation du Recteur, par une
plainte pour vol, déposée par la direction et qui a été classée sans
suite, pour avoir retenu les copies trois heures dans l’établissement.
Nous
demandons au ministre de mettre un terme à ces menaces et intimidations
en demandant aux recteurs de renoncer à toute sanction.
Que dire
des retenues sur salaire décomptées pour les professeurs grévistes ayant
débrayé le 3 octobre pour manifester devant la direction académique de
Bobigny pour rendre hommage à Christine Renon alors que le suicide de
notre collègue a été reconnu comme imputable au service.
Lors de ce CTM nous allons examiner les projets de décrets et arrêtés sur les indemnités d’évaluation des E3C. Pour la CGT Éduc’action ces projets sont en l’état inacceptables.
Tout
d’abord, ces textes excluent de manière injuste les autres personnels,
administratifs et de vie scolaire qui seront très certainement appelés à
participer à cette organisation.
Le projet
de décret réserve l’indemnité de correction des épreuves écrites de
baccalauréat aux seules épreuves ponctuelles finales (l’épreuve
anticipée de français, les 2 spécialités de terminale, la philosophie).
Pour la CGT Éduc’action, ce n’est pas cohérent puisque les E3C sont officiellement considérées par le ministère comme des épreuves d’examen.
Quant aux
indemnités, elles sont notoirement insuffisantes, alors que le ministre
parle de reconnaissance des métiers enseignants, la somme prévue est
indécente au regard des 5 € par copies du baccalauréat alors que les
correcteurs des E3C doivent choisir les sujets, établir les corrigés et
les grilles d’évaluation, annoter minutieusement les copies tout en
continuant à faire cours. Enfin, ces textes fixent des indemnités à
titre exceptionnel pour l’année scolaire 2019-2020 et nous ne savons
toujours pas sous quelle forme elles seraient reconduites dès l’année
prochaine.
La CGT Éduc’action votera bien sûr contre ce texte.
Les
mobilisations pour le retrait du projet de réforme des retraites du
gouvernement se poursuivent. Le soutien de la population au mouvement
social est toujours très fort, des initiatives unitaires sont prises sur
tout le territoire.
L’avis du
Conseil d’État est un désaveu pour le gouvernement et confirme que
cette réforme est injuste et dangereuse il fait ressortir le flou et les
incertitudes du projet.
La « revalorisation »
proposée par le ministre de l’Éducation dans le cadre de la réforme des
retraites apparaît plus que jamais comme un marché de dupes. Le Conseil
d’État déclare d’ailleurs que la « garantie » censée être inscrite dans la loi est condamnée à disparaître du texte.
La CGT Éduc’action
appelle l’ensemble des personnels de l’éducation à poursuivre et à
amplifier la mobilisation tout au long du débat parlementaire et appelle
à faire du jeudi 6 février, jour du début des travaux de la commission
spéciale de l’Assemblée nationale, une nouvelle journée
interprofessionnelle de grève et de manifestations.
Pour
terminer ce propos liminaire à quelques semaines de la phase inter
académique nous craignons une multiplication des erreurs de barème.
Nous
souhaitons que la DGRH précise les modalités d’accompagnement de nos
collègues par les organisations syndicales lors des probables recours
qui risquent de se multiplier dans les prochaines semaines.