Depuis
la rentrée, le gouvernement multiplie les projets de loi, les annonces
et les mesures sur l’enseignement supérieur, la formation
professionnelle, l’apprentissage et l’assurance chômage, avant de
s’attaquer aux retraites.
La rapidité de mise en œuvre de toutes
ces contre-réformes a permis à ce pouvoir, en place depuis moins de six
mois, d’infliger des dégâts considérables au modèle social français.
Ces attaques tous azimuts s’inscrivent
dans une vision globale et homogène d’un projet de société au service
d’un libéralisme assumé.
Ce gouvernement agit pour transformer notre société en profondeur et l’adapter, aux exigences du capitalisme.
Les cadeaux fiscaux exorbitants faits
aux plus fortunés, la réduction des droits et des aides accordés aux
plus démunis, sans compter les mesures régressives à l’encontre des
retraité·es, sont là pour nous le rappeler sans ambiguïté.
Ce gouvernement a su donner l’illusion
de mettre en place un dialogue social sur différents sujets sans dévier
de ses objectifs initiaux.
Comme le montre l’examen du projet de
loi « relatif à l’orientation et à la réussite des étudiant·es » qui a
commencé le 12 décembre.
Concomitamment, le ministère de
l’Enseignement supérieur a mis en ligne sur son site, les attendus
nationaux qui définissent les critères d’accès dans toutes les licences.
Des binômes professeurs principaux se
mettent en place dans les lycées alors que les universités travaillent
sur la définition des capacités d’accueil et sur la déclinaison locale
des attendus, qui seront pris en compte pour l’examen des vœux des
lycéen·nes.
Le calendrier connu, indique que les
universités doivent retournés aux rectorats ces éléments avant le 17
janvier, soit bien avant toute possibilité d'adoption par les conseils
centraux des universités et alors que la loi est encore à l’état de
projet, de nombreux amendements sont annoncés, cette loi ne sera
probablement pas promulguée avant le printemps.
C’est donc en dehors de tout cadre
législatif et règlementaire que les établissements d’enseignement
secondaire et supérieur travaillent à mettre en application un
dispositif administratif lourd de conséquences pour toute une partie de
la jeunesse.
Il n’y a là une entorse majeure à la vie démocratique de notre pays.
Ce projet de loi introduit de nouvelles
tâches et responsabilités qui alourdiront les missions des professeurs
de lycée qui devront mettre des "avis prédictifs" sur chaque vœu d'élève
lors des conseils de classe en Terminale.
Comme si le parcours d'un élève était prévisible ou réductible à un profil.
Les
enseignant·es ne sont pas des conseillers d'orientation et n’ont pas
toujours une connaissance de l'ensemble des filières du supérieur.
Pour la CGT,
l’introduction de cette sélection, qui ne dit pas son nom n'est pas la
solution, est inacceptable, car elle accentuera le tri social des élèves
et la hiérarchisation des voies de formation du lycée.
Cette réforme aura de lourdes
conséquences pour notre système éducatif et l’avenir des lycéens, en
particulier pour ceux de la voie professionnelle.
Reçu à l'Assemblée nationale le 3
octobre par la commission Éducation nationale, le ministre de
l’Éducation a annoncé une importante réforme de l'enseignement
professionnel du CAP au BTS. Elle sera menée parallèlement à celle du
Bac, avec le même échéancier, la réforme devrait être bouclée début
2018, pour une application en Seconde pro dès la rentrée 2018.
Pour le président de la République, la
réforme de l'apprentissage et de la formation professionnelle
constituent l'Acte II des réformes, qu’il a engagées par la casse du
Code du travail.
D’ores et déjà, certaines déclarations
de la ministre du Travail montrent qu’elle considère que le calendrier
scolaire joue contre le développement de l’apprentissage, et exprime son
souhait, comme le patronat, de favoriser des rythmes d'examen plus
rapprochés avec des « entrées et sorties permanentes » comme pour les
stagiaires de la formation continue.
La modularité des formations et des
parcours en apprentissage qui semble envisagée, pour adapter
l’apprentissage aux besoins des entreprises, sont pour nous des sujets
d’inquiétude, car elles impliqueraient un renforcement des
mutualisations entre CFA et lycées professionnels, en matière de
plateaux techniques et un développement de l’exercice conjoint en lycée
et en alternance pour les enseignant·es et formateurs/trices.
Si les cartes des formations sont
établies en fonction des besoins économiques locaux, dans le seul but de
correspondre aux emplois sur un territoire, de nombreuses filières
risquent de disparaitre.
La CGT
Éduc’action a sollicité une audience auprès du ministère pour clarifier
les axes de cette future réforme, nous réitérons à l’occasion de ce
comité technique ministériel notre demande.
Par ailleurs, nous souhaitons connaître
le calendrier précis qui sera mis en œuvre, pour la réforme de la voie
professionnelle sous statut scolaire.
Pour conclure cette intervention, et en
lien avec le point d’information prévue à ce comité technique
ministériel nous rappelons que de, comité action publique 2022, ce par
le gouvernement, a pour objectif principal de procéder à une réduction
drastique des dépenses publiques, avec d’ores et déjà l’annonce de la
suppression de 120 000 postes de fonctionnaires sur le quinquennat.
Au ministère de l’Éducation nationale
cela s’est traduit par une baisse significative des postes offerts aux
concours du second degré, alors que le nombre d’élèves ne cesse
d’augmenter, avec 26 000 élèves de plus en 2018.
Les annonces récentes indiquent que 5
833 postes seront proposés pour le CAPES externe, contre 7 315 l’an
dernier, dont 6 011 avaient été pourvus.
Une baisse significative est également
actée pour l’agrégation, ces places offertes aux concours passent à 1
555 postes pour la session 2018, contre 1 920 en 2017, dont 1 709
pourvus.
L’argumentaire du ministre pour
justifier ces coupes sombres, faisait état de la suppression à venir de 2
600 emplois de stagiaires non pourvus en 2017, nous ne pouvons que
constater que le nombre de candidats admis en 2017, dans le second
degré, est supérieur au nombre de postes mis au concours en 2018.
Cette baisse aura donc bien un impact
sur les conditions de travail de nos collègues qui vont devoir faire
face à terme à des classes extrêmement chargées en raison d’une pression
démographique qui se poursuivra jusqu’en 2022 dans le second degré.
Il faut aussi noter que la suppression
de 200 emplois administratifs va dégrader encore un peu plus les
conditions de travail des personnels des rectorats et des
établissements.
L’ampleur des réformes régressives
engagées fait que nos concitoyen·nes seront confronté·es rapidement aux
conséquences de cette politique.
La CGT
continuera d’informer de sensibiliser nos concitoyen·nes, pour montrer
que d’autres choix sont possibles, et travaillera à la construction de
mobilisations interprofessionnelles dans la durée, car ce qui se joue en
ce moment, c’est la défense de droits sociaux conquis tout au long de
plusieurs décennies de luttes sociales.
Pour terminer cette intervention, souhaitant obtenir des réponses sur certains sujets :
- Nous souhaitons que le comité technique
ministériel soit informé de l’État d’avancement de l’expérimentation
menée entre les académies de Caen et de Rouen.
- Nous réitérons notre demande d'une réunion en urgence du comité national de suivi des Greta.
- Nous demandons la réactivation de travail sur la gestion des personnels intervenants dans le cadre de la MLDS.
- Nous demandons qu’un point
d’information soit fait lors d’un prochain comité technique ministériel
en état d’avancement du projet SIRHEN.