Alors que les premières expérimentations du port de l’uniforme vont débuter dès le printemps et la rentrée 2024 dans plusieurs dizaines d’écoles et établissements scolaires, le président Macron vient d’annoncer la généralisation de la « tenue unique » dès la rentrée 2026 si le bilan est bon.
Au-delà de la question du temps nécessaire pour élaborer une expérimentation satisfaisante suivie d’un bilan honnête, se pose la question du fondement idéologique d’une telle annonce. Depuis des mois, le président Macron enchaine les décisions et prises de position fleurant bon la réaction tout en chassant sur le terrain idéologique du RN. S’il se dit pragmatique et rempli de bon sens pour « faire avancer » (ou reculer c’est selon…) l’École, il s’enferre dans une vision passéiste et prône le retour à une école d’avant fantasmée qui n’a jamais existé. Surtout, cette « École de la blouse » était l’une des plus inégalitaires, ne permettant que très rarement à des élèves de milieux populaires d’accéder aux études secondaires et à l’émancipation. Encore plus qu’aujourd’hui, c’était une École de l’exclusion et du tri.
À l’heure où le manque de personnels est criant, que les conditions de travail et d’étude sont profondément dégradées, que les salaires des personnels sont en berne, cette question de l’uniforme ou de la tenue unique (subtil élément de langage) n’est clairement pas la priorité pour la CGT Éduc’action. Si cette annonce peut apparaitre comme un énième coup de communication, elle indique surtout la volonté présidentielle d’imposer le dangereux « réarmement civique » à une jeunesse qui n’a rien demandé.
De plus, la question de l’uniforme marque la profonde hypocrisie dont fait l’objet le pouvoir et sa volonté de détourner le regard du grand public face aux véritables raisons qui génèrent les inégalités sociales et scolaires dans le pays (pouvoir d’achat, pauvreté, discriminations). M. Macron, toutes les études vous le disent : l’uniforme scolaire n’apporte rien et ne contribue en rien à combattre les inégalités sociales et scolaires. Il n’efface que partiellement les inégalités « visibles », laissant encore entrevoir celles concernant les manteaux, baskets et autres fournitures scolaires… Ou celles portées par l’existence des écoles privées et leur séparatisme social.
La généralisation de l’uniforme nécessiterait un investissement d’environ 2 milliards d’€. C’est une somme pharaonique qui devrait permettre avant tout de recruter, former et mieux rémunérer des personnels qui manquent aujourd’hui. C’est cela l’urgence.
Montreuil, le 23 janvier 2024
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire