Le contexte de « déconfinement progressif » est encore très
incertain et beaucoup dépend de paramètres que personne ne maîtrise,
comme la mise au point d’un vaccin ou la découverte de traitements
efficaces contre le Covid-19.
Mais c’est précisément dans les
périodes de choc d’immédiat après-crise que l’histoire s’accélère, que
les bifurcations sont engagées ou pas, que les décisions prises
conditionnent pour une longue période la construction du futur.
L’expérience toute récente est source de prises de conscience et de
réflexions de plus long terme sur lesquelles nous entendons bien nous
appuyer.
Depuis
plusieurs mois, des organisations syndicales et associatives
convergent, convaincues que les réponses aux urgences sociales et
écologiques doivent être construites ensemble. La crise qui a éclaté en
ce début d’année 2020 montre une fois de plus la nécessité de changer de
système. C’est pourquoi nos organisations ont constitué un front élargi
et inédit pour initier une tribune, puis une pétition et un appel aux
mobilisations du 1er mai. Nous pensons que le moment est venu de
préciser les contours du « plus jamais ça » que nous mettions en avant
dans cette tribune le 18 mars et auquel nous entendons désormais donner
plus de corps.
Désormais il est nécessaire de dépasser l’effet de sidération
paralysant que génère le traumatisme de la crise sanitaire. Il s’agit
d’amener la population à se saisir de ce moment pour exiger que des
enseignements en soient tirés.
C’est le sens de ces mesures que nous versons au débat. Elles sont
volontairement précises et le plus souvent chiffrées. Il ne s’agit pas,
cependant, de présenter un plan figé, ficelé et définitif. Au contraire,
ces propositions ont vocation à être soumises au débat public et sont
amenées à être complétées. La relative précision des mesures présentées
poursuit deux objectifs.
D’abord, signifier que nous ne nous contenterons plus des grands
mots, des déclarations d’intention, des formulations creuses. Nous
voulons démontrer, à travers l’articulation de mesures de court et de
long terme, le pragmatisme et l’ancrage dans le réel de notre démarche.
Ensuite, notre but est de faire la démonstration qu’il y a des alternatives au capitalisme néolibéral, productiviste et autoritaire,
et que ces alternatives sont crédibles, désirables et réalisables, à
condition que la volonté politique et les moyens financiers soient enfin
mis au service des objectifs de transformation sociale et de
préservation de l’environnement, au lieu de les soumettre aux pressions
et désidératas des lobbies. Du reste, un grand nombre de ces
alternatives relèvent d’un déjà-là qu’il s’agit de conforter, de rénover
et de généraliser, que ce soient les grands systèmes collectifs mis en
place dans le cadre de l’État social (protection sociale, services
publics, etc.) ou les alternatives concrètes qui sont souvent autant de
possibles si leur généralisation est envisagée.
L’heure est aux urgences sanitaires et sociales et à la
satisfaction des besoins essentiels de la population, dans le respect
des droits démocratiques : les semaines à venir seront
décisives et le gouvernement doit urgemment changer de logiciel, pour
répondre aux objectifs qui s’imposent et que nous nous fixons dans les
deux premières parties de ce plan de sortie de crise. En particulier
doit être lancé un vaste plan de renforcement et de développement des
services publics.
Au mois de juin, sera présentée une nouvelle loi de finance
rectificative : si l’on veut que cette crise ne soit pas l’occasion de
plans d’austérité et de nouvelles régressions sociales, si l’on souhaite
partager les richesses et financer la transition écologique, alors il
faut refonder le système bancaire et financier et la fiscalité. C’est
tout l’objet de la troisième partie.
Enfin, face aux plans de relance du gouvernement, qui ne font que
relancer un système profondément insoutenable, nous en appelons dans la
dernière partie à des mesures courageuses, permettant une reconversion sociale et écologique de la production agricole, industrielle et de services,
pour à la fois créer des centaines de milliers d’emplois de qualité et
cesser les activités les plus néfastes pour les populations et la
planète. Cette reconversion doit être aussi l’occasion d’une
relocalisation des activités, qui s’accompagnerait de mesures fortes de
solidarité européenne et internationale, que nous précisons également.
Ce document se veut donc une contribution et même un appel au débat
public. Débattons partout, mobilisons nous sur le terrain pour changer
le système et exiger des pouvoirs publics des transformations radicales
! Changer en profondeur le monde qui a rendu cette crise aussi
violente est l’affaire de toutes et tous, le monde d’après sera celui
que nous serons capables de reconstruire.
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