Enseignement pro : une note de service
qui confirme les dangers de la réforme.
La CGT Educ’Action,
depuis la publication du dossier de presse « Transformer le lycée
professionnel » en mai 2018, n’a cessé de dénoncer les dangers contenus
dans la réforme de la voie professionnelle. Cette note de service
confirme les informations que nous vous avions fournies : attaque des
heures élèves et des heures disciplinaires, développement de
l’annualisation et de l’autonomie des établissements, employabilité
immédiate des enseignant·es, personnalisation à outrance du parcours de
l’élève !
Assumant « l'allègement de l'emploi
du temps des élèves, auquel toutes les disciplines de spécialités
professionnelles et générales ont contribué (sauf PSE et Eco-gestion) », le ministère affirme que « cette diminution permettra un meilleur taux d’encadrement »,
affirmation mensongère car l’arrivée des DGH en janvier a démontré le
contraire. Il poursuit en disant que « la mise en place de nouvelles
modalités d’intervention pédagogiques pluridisciplinaires (chef d’œuvre
et co-intervention) favoriseront la réussite des élèves ». Nous en
doutons, car l’installation de ces nouveaux dispositifs est une attaque
en règle contre les enseignements proprement disciplinaire, et il se
fait dans l’urgence et l’improvisation les plus totales.
Dans les faits, chaque établissement est renvoyé à son autonomie pour organiser la mise en place de la co-intervention « si
une répartition hebdomadaire des heures de co-intervention reste sans
doute plus simple à mettre en œuvre, elle pourra être utilement aménagée
en fonction des projets par quinzaine, toutes les trois semaines, ou
regroupées sur une période ». L’annualisation a de beaux jours
devant elle. Les équipes pédagogiques, qui découvrent les nouveaux
programmes d’enseignement général, sont sommées de se mettre en ordre de
bataille. Les collègues doivent s’adapter, anticiper, travailler en
amont, construire un programme car « ces heures ne font pas l'objet d'un programme spécifique distinct ». Généreusement, « les heures de co-intervention des deux premières semaines de la rentrée (soit 8 heures professeurs en fait 4 heures) pourront être dédiées à la concertation ». Comme nos élèves nous sommes renvoyés à notre employabilité.
Le chef d’œuvre est présenté comme « l'aboutissement d'un projet pluridisciplinaire construit, individuel ou collaboratif ». Or, il est bien rare dans nos établissements, comme l’affirme pourtant cette note de service qu’en CAP « la dotation horaire professeur est égale au double du volume horaire élève »,
le plus souvent l’enseignement général n’est pas pourvu en heures de
chef d’œuvre, il ne sera donc pas pluridisciplinaire ! De toute façon,
le financement de ce caractère pluridisciplinaire devra se faire quand
il se fera par une ponction sur les volumes horaires alloués jusque-là
aux dédoublements, les cours à effectifs réduits. Le chef d’œuvre semble
déjà en péril avant d’avoir d’avoir vu le jour. Par collaboratif il
faut entendre qu’il peut se faire avec « une classe différente, un établissement différent, une entreprise…. ». Le chef d’œuvre pourra même prendre l’aspect d’une mini-entreprise.
Ces deux dispositifs portent une
vision utilitariste de l’enseignement, ils appauvrissent les contenus
de formation et ne permettront pas aux élèves une insertion
professionnelle qualifiante ni de poursuivre leur étude. Quant à
l’émancipation elle n’est jamais évoquée.
La personnalisation du parcours de
l’élève est présentée comme un gage de réussite et se traduit par une
augmentation vertigineuse des heures d’accompagnement de l’élève. Entre
consolidation des acquis (français/maths) et orientation, ces heures ont
été multipliées par six en CAP et augmentées fortement en BAC pro.
Elles permettent ainsi de palier à la régionalisation des CIO et de
confier aux professeurs principaux la responsabilité de l’orientation
des élèves. L’orientation est un métier qui doit être exercé par des
professionnels.elles, cette dérive est inacceptable. Il est écrit que «cet
accompagnement à l'orientation peut aussi être mis en place en vue
d'une évolution de l'élève vers un statut d'apprenti en première et
terminale ». On nous demande de favoriser le « mixage » des publics
et des parcours en développant l’apprentissage. Cette personnalisation
du parcours de l’élève se concrétise aussi par l’apparition des CAP
modulaire (1, 2, 3 ans), néanmoins les parcours dérogatoires devraient
être soumis à l’approbation des équipes. Cette logique de
l’individualisation à outrance, aboutira à terme, à rendre les élèves
responsables de leur propre employabilité.
Dans la réalité, les collègues dans les
établissements oscillent entre inquiétude, fatigue, incompréhension et
colère devant cette réforme libérale et sa mise en place à marche
forcée. Outre que la charge de travail va être considérable, elle va
changer en profondeur notre métier jusqu’à en interroger le sens. Cette
réforme, au service du patronat, a pour objectif politique la baisse du
coût du travail. C’est pour cela qu’il faut « fabriquer » une main
d’œuvre moins qualifiée, précaire, flexible et donc servile et corvéable
à merci. Voilà « l’excellence » visée pour les enfants issus des
milieux populaires. C’est tout le sens du projet Blanquer pour
l’enseignement professionnel.
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