Monsieur le Ministre,
Le gouvernement a dévoilé mardi son
programme de réformes à court et moyen terme concernant principalement
le droit du travail, les moyens d’intervention des salarié-es, la
formation professionnelle, l’apprentissage, l’assurance chômage et la
retraite.
La CGT
a pris connaissance en même temps que la presse du contenu précis de
ces propositions, ce qui laisse interrogatif sur la méthode de
concertation envisagée.
Faisant référence à la mondialisation et à
une mutation de l’économie, le Premier Ministre a justifié ce besoin
urgent de réforme, laissant à penser que les principales causes du
chômage de masse résideraient dans la rémunération du travail, et les
garanties collectives des salarié-es.
Sans surprise, le gouvernement propose
des recettes déjà utilisées depuis plusieurs décennies qui n’ont jamais
produit d’effets si ce n’est détruire les droits et les protections des
salarié-es sans aucune répercussion positive sur le niveau de l’emploi
bien au contraire.
Dès septembre 2017 est prévu un chantier concernant la réforme de la formation professionnelle et de l’apprentissage.
Pour la CGT
Educ’action, la voie principale de la formation professionnelle doit
être la formation initiale sous statut scolaire et les référentiels de
formation doivent être nationaux. La CGT Educ’action est opposée à la
mise en place des blocs de compétences et elle s’opposera à toute
tentative de certification partielle ou locale des diplômes et des
titres. La CGT est attachée au triptyque : Formation – Certification -Reconnaissance des qualifications et rémunérations.
Depuis 1945, les gouvernements
successifs n’ont eu de cesse de vanter l’apprentissage comme remède
miracle et d’y engloutir des fonds publics afin de financer son
développement. Faut-il rappeler qu’il faut avoir signé un contrat de
travail pour être en apprentissage ? La limitation vient des offres
d’emploi en apprentissage et pas du nombre de places dans les centres de
formation. Il est donc inutile de continuer à dilapider des deniers
publics pour un hypothétique développement de l’apprentissage.
Augmenter le nombre d’apprentis aurait
aussi des conséquences pour l’accès à l’emploi des salarié-es qui en
sont privé-es. Rappelons que l’objectif premier de chaque salarié-e est
d’obtenir un CDI afin de pouvoir construire sa vie et pas de vivoter
avec des emplois précaires sous-payés ou le RSA.
Malgré vos appels aux syndicats pour
travailler « dans la confiance », Monsieur le ministre, vous avez décidé
de présenter aujourd’hui deux textes, travaillés unilatéralement, dans
l’urgence, par votre ministère et sans véritable dialogue social
(exceptées des commissions spécialisées réunies in-extremis). Ces
projets de textes qui modifieront largement les conditions de travail
des personnels et d’étude des élèves démontrent votre volonté d’exploser
le cadre national de l’Education tout en maintenant l’architecture des
réformes issues du quinquennat précédent.
Le projet de décret relatif aux
dérogations pour les rythmes scolaires dans le 1erdegré instaure la
possibilité pour les communes de revenir à la semaine de 4 jours et de
déroger au calendrier scolaire annuel. Ainsi, sans remettre en cause les
décrets Peillon-Hamon, il aggrave la désorganisation du travail et les
inégalités sur l’ensemble du territoire où plus aucune règle commune
n’existera, tant pour les élèves que pour les personnels.
Le projet d’arrêté collège abroge
certains principes de la réforme en permettant le retour d’options
facultatives, des sections européennes ainsi que la suppression des
enseignements pratiques interdisciplinaires. Ce projet incite à utiliser
la dotation complémentaire pour recréer les options et laisse plus de
marge encore à la modulation des horaires disciplinaires annuels. Le
module de découverte professionnelle en 3ème pour choisir entre « la
voie scolaire et l’apprentissage » confirme que la lutte contre la
reproduction sociale n’est toujours pas d’actualité pour ce
gouvernement.
Pour la CGT
Educ’action, ce nouvel arrêté accroit davantage l’autonomie et
généralise la concurrence entre établissements. Il s’agit d’une attaque
sans précédent contre le collège unique et l’égalité entre élèves sur le
territoire.
La CGT
Educ’action dénonce ces deux projets de texte et continue d’exiger
l’abrogation des réformes des rythmes scolaires et du collège ainsi que
l’ouverture de négociations pour un autre projet.
La déclaration se terminera avec le
point sensible des données numériques personnelles (en lien avec le vœu
qui sera présenté ultérieurement).
La CGT
Educ’action comme la FSU souhaite vous interpeler sur l’ouverture des
annuaires académiques et des établissements aux grands fournisseurs de
services du Web.
Cela, semble-t-il, sans concertation ni
au sein de l’administration centrale, ni avec les recteurs, et alors que
la présidente de la CNIL déclarait récemment que « la France doit
garder la souveraineté de ses données scolaires » !
La CGT
Educ’action comme la FSU juge inacceptable que les grandes
multinationales du numérique puissent puiser à leur guise dans les
données personnelles des élèves et des personnels et demandent
l'ouverture au plus vite d'une concertation sur le droit du numérique à
l'Ecole.
Lire
les interventions de la
CGT
Educ’action inhérentes au projet de décret relatif aux dérogations à
l’organisation de la semaine scolaire dans les écoles maternelles et
élémentaires publiques et au projet d'arrêté modifiant l'arrêté du 19
mai 2015 relatif à l'organisation des enseignements dans les classes de
collège