Éducation nationale : il faut agir maintenant contre l’amiante !

En France, l’amiante, produit hautement
cancérogène, a été largement utilisé pendant des décennies, sous
différentes formes et mêlé à tous types de matériaux. Les organisations
de salarié·es et les associations de victimes ont dû mener une bataille
de longue haleine afin d’en faire reconnaître la dangerosité. Il n’a été
interdit en France dans les constructions qu’à partir du 1er
juillet1997. Ainsi, tous les établissements scolaires, équipements
sportifs et services construits avant cettedate contiennent très
certainement de l’amiante. En vieillissant, en étant soumis à des
sollicitations, les matériaux contenant de l’amiante libèrent des fibres
extrêmement volatiles qui peuvent rester ensuspension dans l’air
pendant 24h, être inhalées ou ingérées, et provoquer des maladies
graves. Lespathologies liées à l’amiante (maladies pulmonaires, cancers)
se déclarent dix à quarante ans après l’exposition, nous ne sommes
aujourd’hui qu’aux prémices de la catastrophe. Il est urgent d’agir pour
éviter les mort·es de demain.
La réglementation concernant l’amiante
existe et elle est déclinée dans l’Éducation nationale dans un certain
nombre de documents (circulaire de 2015, orientations stratégiques
ministérielles, guide amiante à l’attention des chefs et cheffes
d’établissement et à l’attention des agent·es), mais ces textes
réglementaires ne sont pas mis en œuvre.
Des personnels font usage de leur droit
d’alerte pour signaler des situations qui font peser des risques sur
leur santé, et se mobilisent pour faire respecter la loi. Même s’il
appartient aux collectivités, propriétaires des locaux, de faire
vérifier la présence et l’état de l’amiante, par le diagnostic
technique, de le traiter quand c’est nécessaire, l’État, garant de la
sécurité de ses agents et des élèves devrait agir auprès des
collectivités (se substituer aux collectivités pour agir en conséquence)
quand il y a danger. Au lieu de cela, il est fréquent que
l’administration nie la réalité du danger et refuse de reconnaître la
légitimité du droit de retrait. De même, lorsque des personnels sont
atteints de pathologies en conséquence de leur exposition à l’amiante
sur leur lieu de travail, la reconnaissance comme maladie
professionnelle est un parcours du combattant qui aboutit la plupart du
temps à ignorer la responsabilité de l’employeur.
Les organisations syndicales FSU, UNSA,
FNEC-FP FO, CFDT-EFRP, CGT éduc’action et SUD éducation siégeant à la
formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail
(FS-SSCT) du comité social d’administration du ministère de l’Éducation
nationale (CSA-MEN) ont adressé, le 16 mai dernier, un courrier au
Directeur général des ressources humaines pour lui faire part de leurs
inquiétudes à ce sujet, et ont adopté lors de la réunion du 3 juillet
2024 une série d’avis.
Un travail a été engagé dans le cadre de
la FS-SSCT ministérielle, mais une partie des demandes n’ont, à ce
jour, pas reçu de réponse. Au printemps 2024, le ministère a lancé une
nouvelle enquête sur la présence d’amiante dans le bâti scolaire dont
les résultats ont été officiellement présentés à la réunion de la
FS-SSCT du 11 décembre 2024. L’enquête a donné lieu à la présentation
par le ministère d’un plan d’action, dans le but de renforcer la
prévention du risque « amiante ». De nouvelles communications sont
envisagées, mais l’absence de calendrier et de moyens financiers dédiés
pour accompagner les collectivités territoriales montre que le ministère
et l’Etat ne sont pas encore à la hauteur des enjeux face au danger
auquel sont exposé·es les agents et agentes et les usagers et usagères.
Une volonté politique forte est indispensable pour supprimer un danger
grave pouvant impacter la santé des agents, agentes, usagers et
usagères.
Parce que nous voulons que les
personnels et les élèves travaillent en toute sécurité, l’intersyndicale
FSU, UNSA, CFDT-EFRP, CGT éduc’action, SNALC et SUD éducation organise
une conférence de presse afin d’échanger sur cette problématique et vous
donne rendez-vous le jeudi 13 mars à 11h dans les locaux de la
FSU-SNUipp, 12 rue Cabanis à Paris.