Crise ou pas, Jean-Michel Blanquer ne change rien
Dans
sa conférence de presse du 26 août, Jean-Michel Blanquer a décliné les
modalités de la rentrée scolaire 2020 dans le cadre de la crise
sanitaire. La CGT Éduc’action avait été reçue par le ministre le matin même pour évoquer ce sujet mais aussi l’agenda social du ministère.
En
ce qui concerne la rentrée, elle se passe dans la continuité des
différentes étapes de la réouverture des écoles et établissements lors
du déconfinement : un protocole sanitaire étique, modifié le 27 août à 4
jours ouvrés de la rentrée des élèves, 3 jours de la pré-rentrée du
second degré et la veille de celle du premier degré. Certaines des
recommandations de ce protocole risquent d’être inapplicables, faute
d’espace et de personnels ; peu de précisions quant à l’aération des
locaux, le fonctionnement de la restauration ou sur l’EPS.
Pourtant,
le ministère a eu plusieurs mois depuis le déconfinement pour prendre
les mesures permettant de concilier le retour de l’ensemble des élèves
et la distanciation physique préconisée par le protocole… dans les cas
où elle est possible. Pour la CGT Éduc’action
un plan d’urgence aurait dû être financé, via un collectif budgétaire,
pour recruter des personnels afin de diminuer les effectifs par classe
(comme en Italie), installer des points d’eau supplémentaires ou trouver
des solutions pour compenser l’insuffisance de salles pour multiplier
les groupes dans les écoles et établissements.
De
même, le ministre se refuse à prendre en compte la réalité de l’impact
du confinement sur les apprentissages des élèves en refusant un
allègement, des programmes. Au contraire il exige un « rattrapage » du
retard en un trimestre, en privilégiant, comme à son habitude, les «
fondamentaux » au détriment de disciplines qu’il juge sans doute
annexes.
Pire, il multiplie les évaluations nationales de rentrée,
particulièrement chronophages, qui ne peuvent que confronter les élèves à
leurs difficultés engendrées par le confinement, alors que la rentrée
aurait dû, au contraire, leur permettre de se rassurer.
Le ministre réaffirme par ailleurs le refus du gouvernement de fournir
gratuitement les masques aux élèves, ce qui est inacceptable.
Enfin,
la décision de mettre fin, à partir du 1er septembre, aux autorisations
d’absences pour les personnels à risques ou vivant avec des personnes à
risques est scandaleuse. Leur fournir un masque chirurgical, comme
c’est prévu, n’est pas une garantie suffisante pour les prémunir d’une
infection et leur proposer de prendre un congé maladie est inique cela
engendrera au bout de 90 jours une perte de salaire.
Pour le reste, Jean-Michel Blanquer ne tire aucun enseignement de la
crise sanitaire, économique et sociale comme des inégalités criantes
révélées par le confinement. Il poursuit ses réformes (lycée, «
fondamentaux », évaluations, territorialisation, direction d’école…) de
tri social des élèves, d’attaque contre le caractère national de
l’Éducation. La revalorisation des personnels promise se réduit annonces
après annonces, demeure liée à la contre-réforme des retraites et
semble se préparer dans le même esprit que lors des discussions de début
d’année. La CGT Éduc’action
rappelle son opposition aux scénarios de revalorisation présentés
alors, notoirement insuffisants, qui ne concernaient qu’une partie des
enseignant·es et pas les autres catégories de personnels, avec des
contreparties et sous forme de primes et non d’augmentation indiciaire.
Pour toutes ces raisons, la CGT Éduc’action
contribuera à une rentrée offensive et revendicative. Elle appelle
d’ores et déjà à la réussite de la journée interprofessionnelle de
grèves et de manifestations du 17 septembre pour une hausse des
salaires, contre la réforme des retraites et de la Fonction publique et
pour des moyens pour une École qui rompe avec la logique de concurrence
et de tri social. Montreuil, le 28 août 2020
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