Blanquer à l’Assemblée
Une “révolution copernicienne”
Avant les AESH étaient dans la précarité, 
maintenant les AESH sont le centre de cette précarité
Mardi 18 juin 2019, Jean-Michel Blanquer était reçu à l’Assemblée Nationale dans le cadre de la Commission d'enquête sur l'inclusion des élèves handicapé·es dont le rapporteur est le député Sébastien Jumel.
En grande forme, le ministre se gausse 
d’avoir créé une “révolution copernicienne” dont l’élève serait le 
centre de l’école inclusive, les différents acteurs et actrices 
rayonnant autour de lui. Sa phrase choc “Avant tu devais attendre un·e 
AESH pour aller à l’école ; maintenant, tu vas à l’école, un·e AESH 
t’attend” omet de préciser la mutualisation à outrance des AESH et la 
généralisation des PIALs qui feront que l’élève sera un·e parmi tant 
d’autres du·de la même AESH.
Le ministre nous offre donc une bien pitoyable plaidoirie :
Une “révolution copernicienne” qui prétend que les DASEN vont transformer leur organisation pour la rentrée 2019
Nos remontées des différentes 
académies montrent que l’organisation de la rentrée est en proie à une 
réelle panique : une centralisation académique de la gestion 
administrative pour les EPLE où le personnel s’occupant des contrats 
n’est pas encore en poste ce qui présage un retard manifeste pour 
lesdits contrats et paies. Alors que le ministre annonce que tous les 
AESH seront dorénavant en contrat 3 ans, des renouvellements en contrats
 d’un an sont encore proposés par les DSDEN.
Des AESH intégré·es 
dans l’Education Nationale avec un recrutement avant une rentrée 
préparée ainsi qu’un accueil avec les parents et les élèves. La 
formation de 60 heures doit être initiale.
Aujourd’hui, aucun·e AESH n’est recruté·e au vu de la rentrée avec proposition de formation en amont.
Avant tu devais attendre un·e AESH pour aller à l’école; maintenant, tu vas à l’école, un·e AESH t’attend”
Un·e AESH attend l’élève et
 tou·tes les autres dont elle·il a la charge...Cette vision renforce 
l’idée que l’AESH, de plus en plus mutualisé·e, est corvéable à merci, à
 disposition de l’élève au même titre qu’un objet. 
La déprécarisation des 
AESH se traduit par la fin des contrats aidés : les contrats robustes 
AESH de 3 ans sont une avancée par rapport aux contrats aidés de 
quelques mois selon le ministre.
Blanquer oublie que les contrats aidés ne se transforment pas tous en contrats AESH.
De plus, nous constatons à ce jour 
que certaines DSDEN ne renouvellent pas des contrats pour des AESH ayant
 plus de 3 années d’ancienneté pour éviter de signer des contrats 3 ans 
et donc des CDI à la clé.
Une ouverture de carrière grâce aux contrats de 3 ans qui débouchent sur un CDI.
Rien de nouveau sous le soleil : les 6 ans débouchant sur un CDI existaient déjà. 
La circulaire prévoit même une régression en ne maintenant pas la quotité du dernier CDD lors du passage en CDI.
Les PIALs ont des 
vertus multiples : une meilleure organisation pour les élèves et les 
AESH qui donnera plus de temps plein aux AESH.
La soi-disant meilleure organisation
 n’est qu’une gestion globale de l’accompagnement qui amènera à une 
rotation des accompagnants de chaque élève ainsi qu’à une multiplication
 du nombre d’élèves accompagné·es par un·e même AESH. Les AESH auront 
parfois des déplacements importants entre deux missions ce qui aggravera
 encore plus leurs difficiles conditions de travail. 
Prétendre que les AESH pourront 
avoir un taux plein au sein d’un PIAL est une baliverne puisque 
l’amplitude horaire d’ouverture n’est jamais de 35 heures. Blanquer 
remet aussi sur le tapis le périscolaire “à la carte”, façon de 
légitimer la précarité et de déprofessionnaliser la fonction d’AESH en 
les ouvrant à des missions ne relevant ni de leurs compétences ni de 
leurs attributions.
Les PIALs permettront une plus forte coopération entre institution médicale et Education Nationale.
La MDPH ne sera plus la dépositaire 
exclusive des notifications puisque le coordonnateur ou la 
coordonnatrice des PIALs pourra modifier les heures d’accompagnements de
 l’élève en fonction de l’organisation des moyens et non de ses besoins.
La formation des AESH, objectif majeur selon Blanquer…
La formation de 60 heures reste la 
référence, le ministre insiste sur la formation des enseignant·es et les
 modules de 3H AESH et enseignant·es pour un positionnement réciproque. 
La création de la plateforme CAP ÉCOLE INCLUSIVE serait une bibliothèque
 permettant à l’AESH de trouver les réponses et les outils en relation 
avec les besoins du terrain.
Une formation de 60H reste très 
insuffisante pour un travail qui nécessite de nombreux savoir-faire, de 
grandes responsabilités et beaucoup de pénibilité.
Des “modules pour un positionnement 
réciproque des AESH et des enseignant·es” sans module commun ne permet 
pas aux deux corps de métier d’apprendre à travailler ensemble pour une 
richesse des échanges et une véritable complémentarité des fonctions. 
Rappelons qu’il n’existe aucun lien de subordination entre 
l’enseignant·e et l’AESH, ce sont des collègues. 
Enfin, la plateforme numérique n’est
 en aucun cas une réponse face aux besoins du terrain et à la demande de
 formation des AESH par des professionnel·les et des pairs.
Blanquer a donc essayé d’embobiner les 
député·es mais les AESH ne sont pas dupes. Ils·elles savent que leur 
carrière inexistante n’est que précarité à vie. La persistance du 
ministre à vouloir vendre un projet de loi basé sur une gestion 
budgétaire au détriment de l’humain assoit le ridicule de sa fonction et
 le mépris pour ce personnel consciencieux et au coeur de l’école 
inclusive. Les AESH connaissent leur valeur, leur travail et peuvent 
s’honorer d’une lucidité visiblement absente du ministère.
Leur avenir leur appartient par 
un combat sans relâche, par un positionnement clair pour être enfin 
reconnu·es aux yeux de toutes et de tous. Loi ou pas loi, balivernes ou 
boniments, les mobilisations des AESH ne cesseront pas.
 !
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