M le Ministre, Mme la Présidente, cher·ères collègues
Nous ne reviendrons pas sur notre travail au sein du CSE, sur les
conditions d’étude des textes proposés, sur les modifications répétées
d’ordre du jour ou de calendrier car il y a comme une lassitude face à
la répétition et un épuisement. Nous tenions simplement à signaler une
fois de plus à cette assemblée, mais également au ministère, que ces
conditions de travail ne sont ni un signe de respect ni une marque de
confiance à notre égard ou à l’égard du dialogue social.
Au-delà de cette remarque, la CGT Éduc’action souhaite revenir sur la
situation sociale actuelle dans notre pays. Il est indéniable qu’il
existe depuis de très nombreux mois, de nombreuses mobilisations
sociales contre une politique gouvernementale qui est ressentie comme
agressive et parfois injuste à l’encontre de bon nombre de citoyen·nes.
Cette méfiance, pour ne pas dire défiance, à l’égard de la politique
globale menée par le gouvernement, est, depuis plusieurs semaines,
particulièrement ciblée contre l’orientation politique du ministère de
l’Éducation nationale, mais aussi contre les projets de réforme de la
Fonction publique.
Cette défiance se traduit aussi depuis quasiment deux ans dans notre
instance. En effet, comme nous l’avons souligné à plusieurs reprises,
tous les grands textes présentés par le ministre ont été repoussés par
nos votes. Triste indicateur… Cette défiance gagne du terrain puisque
depuis quelques mois, un consensus semble exister entre toutes les
organisations syndicales, organisations de parents d’élèves et
organisations pédagogiques pour dénoncer les réformes engagées à marche
forcée, ou leurs effets et leurs risques sur le système scolaire et la
scolarité des élèves. Triste indicateur là aussi…
Et cette défiance n’est pas si faible que voudrait nous le faire
croire notre ministre qui minimise encore les pourcentages de grévistes
ou qui se base sur les sondages de popularité parus dans la presse (qui
baisse d’ailleurs…). Il est toujours dangereux de faire parler les
silencieux·ses, les gens qui se taisent… Cela ne reflète jamais la
réalité.
Pour la
CGT Éduc’action,
il vaut mieux parler des faits. À cet égard, elle s’intéresse aux
mobilisations et aux actions menées sur le territoire. Et il ne se passe
plus une seule journée où il n’y a rien à signaler. Ici ce sont des
collègues qui interpellent les élu·es de la République, sont en grève ou
mènent des actions dans le cadre pédagogique. Là, ce sont les parents
d’élèves qui bloquent temporairement l‘accès aux écoles… Ces
mobilisations gagnent les écoles et les blocages sont de plus en plus
nombreux, répétés et longs.
Et face à ces mobilisations de parents ou des personnels, face à ces
contestations, les réponses des autorités académiques et du ministère
sont désormais le recours quasi systématique à l’autoritarisme ou à
l’intervention des forces de l’ordre. On peut citer le cas de Toulouse
avec le gazage des collègues au rectorat, le dépôt de plainte de la
Dasen à l’encontre des parents d’élèves dans l’Yonne ou encore le
courrier de la DGRH adressé aux rectorats visant les enseignant·es ne
jouant pas le jeu des évaluations…
On sent bien que l’idée inscrite dans l’article I de la loi
Pour une Ecole de la confiance et
qui vise à mettre aux pas tout le monde traverse déjà tous les étages
de notre administration et qu’elle est déjà parfois mise en pratique.
Alors oui, nous avons entendu dans cette même assemblée que cet article
n’était pas nouveau et qu’il ne changerait rien aux pratiques et aux
obligations. Mais force est de constater qu’il suscite crainte et
discussions au sein de notre communauté, mais également chez les
parlementaires… La
CGT Éduc’action
veillera donc à ce qu’il n’existe pas d’abus de répression à l’égard
des personnels (ou des parents d’élèves d’ailleurs) comme vous vous y
étiez engagés Mme la Présidente et M le DGESCO.
On sent bien qu’aujourd’hui, il existe une inquiétude, un vent de
panique qui traverse le ministère et sa direction. Nous rappelons
simplement que tout ceci est le fruit d’une politique agressive de la
part du gouvernement et du ministère à l’égard de l’Éducation nationale
depuis deux ans. Il y a une volonté d’aller vite, très vite et de
diriger seul sans prendre en compte les avis des acteur·trices du monde
de l’Éducation. On ne peut pas indéfiniment gouverner, diriger et avoir
raison seul face à tout le monde.
Dans ces conditions, et parce que nous dénonçons les dangers qui
planent sur l’Éducation nationale, mais aussi sur le devenir de la
Fonction publique, nous appelons tous les personnels, mais aussi les
usager·ères à se mobiliser selon les choix et les décisions prises
localement pour amplifier la contestation, pour exiger le retrait du
projet de Loi
Pour une École de la confiance et la suspension
du projet de loi de réforme de la Fonction publique. C’est pour cela que
la CGT Éduc’action appelle à la mobilisation, aux actions et à la grève
les 1
er et 9 mai prochains et à toute action décidée localement d’ici là.